Syndicalisme dans les PTT françaises

Cet article décrit l'évolution et les particularités du syndicalisme dans les PTT françaises.


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  • La première Fédération Nationale des PTT est créée en 1910, après les grandes grèves de 1906 et 1909. Elle regroupe les deux syndicats nationaux de ... (source : cardin-alg)
  • Voir aussi. Syndicalisme dans les PTT françaises. sources. Georges Frischmann : Histoire de la fédération Cgt des PTT, les éditions sociales, Paris, 1967.... (source : dictionnaire.sensagent)

Cet article décrit l'évolution et les particularités du syndicalisme dans les PTT françaises.

Le syndicalisme des PTT en France est né au début du XXe siècle dans les conditions spécifiques de la réglementation de la fonction publique. Tandis que le droit syndical s'est vu consacré en 1884 pour les salariés de l'ensemble des secteurs d'activité économique, l'État lui-même dénie ce droit à ses agents. L'importance grandissante des activités de communication sous monopole étatique, la Poste et le télégraphe, auxquelles s'ajoute progressivement le téléphone, pousse l'Administration à des recrutements nombreux. Dans l'effervescence du syndicalisme révolutionnaire français des années 1900-1910, une fraction importante des fonctionnaires des Postes et Télégraphes, ne se satisfait plus d'être tenu à l'écart du droit commun aux autres salariés. De 1900 à 1946, la revendication de la reconnaissance de leur syndicalisme et de son rattachement à la CGT surtout, accompagne les nombreuses doléances des fonctionnaires de l'Administration des PTT. À l'inverse de la majorité des autres fonctionnaires, les postiers et les télégraphistes utilisent une forme d'action, qui elle aussi ne leur est pas légalement reconnue  : la grève.

Les conditions de l'émergence du syndicalisme français des PTT ont fait que des fédérations syndicales propres aux PTT ont été créées et se sont développées dans chaque centrale syndicale, comme dans le secteur de l'Éducation nationale. Cependant, depuis la fin des années 1980, dans un cadre juridique nouveau, suite à la réforme des PTT de 1990, la tendance est au regroupement des forces, au sein de chaque Confédération, des salariés des deux entreprises, La Poste et France Télécom, avec les salariés de la totalité des activités de communication.

Question de vocabulaire

Les PTT, Postes, télégraphes et téléphones en France n'existent plus comme tels depuis le vote par le Parlement de la loi 90-568 du 2 juillet 1990 dite loi Quilès. Celle-ci crée deux établissements publics différents  : la Poste d'une part et France Télécom d'autre part. Cependant le terme générique PTT est le plus proche d'une réalité que lègue l'histoire sociale du XXe siècle. Fréquemment employés, y compris par les syndicalistes CGT qui utilisèrent les termes de Fédération postale pour désigner la Fédération nationale des travailleurs des PTT- CGT, les termes «postal» ou «postier» sont réducteurs à une partie uniquement des salariés du secteur. Ils excluent la spécificité des "télégraphistes", fiers de leur technicité. Le terme télécommunication paraît anachronique pour les fonctionnaires des années 1900... L'Administration des PTT elle-même, a varié dans son appellation. Les Postes, Télégraphes et Téléphones, constitués en administration autonome à la fin du XIXe siècle ont durant tout le siècle suivant posés problème au politiques comme aux juristes : Administration publique, Service public ou entreprise publique à caractère industriel et commercial ? La création en 1923 du budget annexe des PTT est une première réponse. La loi institue en même temps un organisme consultatif, le Conseil supérieur des PTT, où prennent place des représentants élus du personnel. C'est une première dans une fonction publique française qu'on dit sclérosée. Mais le budget annexe ne permet pas une réelle autonomie des PTT, faute d'une réelle volonté politique. Néenmoins dès les années 1960-1970, dans les faits, la séparation des PTT en deux branches différentes est mise en place, malgré les protestations de certains syndicalistes. La loi de 1990 a mis en texte une réalité, et probablement préparé d'autres évolutions pour le XXIe siècle. Dans l'esprit du public, le terme PTT survit : pour combien de temps ? L'ensemble des fédérations syndicales importantes tendent vers l'abandon de ce terme…

Approche du syndicalisme PTT

Le syndicalisme dans les PTT est né aux alentours de 1900. Il s'est particulièrement vite distingué du syndicalisme de la totalité Fonction publique et s'est pourvu d'organisations spécifiques à la "corporation", qui tiennent leur légitimité du nombre des agents concernés et des luttes spécifiquement vives menées au sein de l'Administration des PTT. Les grèves des PTT, en 1909, marquent durablement les relations sociales dans ce service de l'État. Plus proche de notre époque, le conflit de l'automne 1974 paralyse l'économie durant plusieurs semaines. Le syndicalisme, toujours puissant dans les deux branches professionnelles, est fréquemment tenté, conforté par l'histoire, de privilégier le "rapport de force" conflictuel sur la négociation. Le "dialogue social" est rendu complexe dans l'entreprise de main d'œuvre qu'est la Poste, par la fragmentation du syndicalisme, l'étendue du territoire, le nombre des salariés (près de 300 000 à la Poste) et le bureaucratisme des structures de l'organisation. À France Télécom (plus de 140 000 salariés), dont le secteur d'activité est ouvert à une concurrence forte d'autres opérateurs, les défis technologiques et les modes de gestion ont déstabilisés les anciennes structures syndicales.

Depuis quelques années le syndicalisme des anciens PTT se donne pour objectif de couvrir les salariés de la totalité des entreprises du secteur des activités postales et de télécommunication. Il aspire à dépasser le strict périmètre des activités dévolues à la Fonction publique, pour faire face à la "libéralisation" du marché des services publics.

Aperçu historique des organisations syndicales aux PTT

Le droit syndical dans les PTT, comme dans la totalité de la Fonction publique française, n'a été véritablement reconnu que par le Statut de la Fonction publique adopté en 1946. Cependant dès la fin de la première guerre mondiale, il est un fait acquis : les syndicats participent aux organismes mis en place dans l'Administration, comme les conseils de discipline ou les commissions d'avancement de grade. Aux PTT, parmi les 28 membres du Conseil supérieur des PTT, institué en 1923, les représentants du personnel, au nombre de 6, sont élus sur des listes présentées par les organisations syndicales. Seul la référence CGT est bannie des Bulletins officiels présentant les candidats! Pourtant, quoique formellement unifié au sein d'une "fédération postale", le syndicalisme des PTT est jusqu'en 1945 un assemblage, au sommet, de trois syndicats nationaux corporatifs, héritiers, pour deux d'entre eux des Associations Générales mises en place au début du XXe siècle, avec l'aval du socialiste "ministériel" Alexandre Millerand, qui a en charge le Ministère du Commerce, de l'Industrie et des PTT de 1899 à 1902, dans le gouvernement Waldeck-Rousseau. Le droit de grève, par contre, est résolument interdit aux fonctionnaires jusqu'à sa reconnaissance globale par le préambule de la Constitution de la 4e République.

Avant 1914  : la rude naissance du syndicalisme

Les agents des PTT peuvent se rassembler dans des Associations Générales. Cependant il existe un exception : dès 1899, les ouvriers des PTT qui travaillent à l'installation ainsi qu'à l'entretien des lignes télégraphiques aériennes ou souterraines) forment un Syndicat national des Ouvriers des PTT, qui s'affilie à la CGT. En 1914, il compterait 5 000 membres parmi un personnel d'environ 9 000 ouvriers. Les ouvriers des services techniques des centraux télégraphiques ou téléphoniques, ceux de l'Imprimerie des timbres-poste, localisée alors boulevard Brune à Paris, 14e, les ouvriers des garages postaux relèvent de ce Syndicat, qui délègue des représentants à chaque Congrès de la CGT.

Les «agents», c'est-à-dire les «commis» des guichets des bureaux de poste, les commis du tri et des centraux télégraphiques, mais aussi les «dames employées» des guichets et du téléphone, se regroupent dans l'Association générale des agents des PTT : 22 000 adhérents en 1914, pour un effectif de 40 000 fonctionnaires. Les commis des PTT, mais aussi les dames-employées sont recrutés par concours national. Ils ont le même niveau d'études que les instituteurs ou les institutrices. C'est parmi eux que le syndicalisme postier puise une forte proportion de ses dirigeants. Certains d'entre eux, après leurs débuts militants à l'A. G. , se tournent vers le militantisme politique, où leur culture leur permet quelquefois de "faire carrière" d'élu local ou national. Ainsi, plusieurs des pionniers du syndicalisme postier, que les luttes sociales ont aguerris, surtout ceux qui à la suite des grèves de l'année 1909 ont subi des sanctions lourdes, figurent après 1918 parmi les candidats socialistes ou communistes aux élections à la députation. À la Chambre des députés, entre 1919 et 1950, le groupe socialiste SFIO, le groupe communiste et celui du Parti d'unité prolétarienne, comptent plusieurs postiers "révoqués de 1909" : Jean-Louis Chastanet, Jean-Baptiste Canavelli, Clovis Constant, Jules Hippolyte Masson, René Plard. Plusieurs autres ont fait leurs débuts dans ce syndicalisme postier bien particulier  : André Barthélémy, Léon Dagain, Charles Lussy, Auguste Pageot, Robert Philippot, Alexandre Piquemal, Louis Sellier.

Enfin il y a la "catégorie" la plus nombreuse, 55 000 fonctionnaires, nommés jusqu'en 1919 les «sous-agents», qui deviennent à cette date les «employés»  : ce sont les facteurs et les agents de manipulation et de transport du courrier. Ils se reconnaissent dans deux organisations différentes, une A. G. des sous-agents, modérée et majoritaire, bien implantée parmi les facteurs ruraux, et un Syndicat national des sous-agents, né au cours d'une grève des facteurs parisiens en avril 1906. Ce syndicat illégal, mais qui rassemblerait près de 9 000 membres adhère à la CGT en 1910, malgré la sanction que ce ralliement implique  : il n'est pas reconnu par l'Administration forte en la matière de la jurisprudence du Conseil d'État.

Au moment des grèves qui secouent les PTT à la fin du Ministère Clemenceau, en 1909, les trois organisations qui mènent le mouvement, AG des agents, Syndicat des sous-agents et Syndicat des ouvriers, se rassemblent dans une Fédération nationale des PTT, autonome, qui disparait en 1914.

1918-1940, unité, scission, réunification, antagonismes

La fin des hostilités en 1918 s'accompagne d'un essor du mouvement syndical. En décembre, l'AG des agents se transforme en Syndicat national des agents des PTT. Puis le 28 août 1919, les trois syndicats nationaux (Agents, Employés et Ouvriers) s'unissent dans une structure fédérative, où chacun garde son autonomie. Ainsi naît la Fédération nationale des travailleurs des PTT de France et des colonies. Elle adhère à la CGT, sitôt sa création. Elle forme dès 1920, une des fédérations-clefs (selon la classification utilisée par Annie Kriegel) de la Confédération. On estime à 43 500 le nombre de ses adhérents, chiffre important, qui donne à voir un taux de syndicalisation de la profession avoisinant les 30 %. À la direction de cette fédération chacun des trois syndicats nationaux est représenté. Ainsi en juin 1920, le secrétaire général est un "employé", Léon Digat, le secrétaire général-adjoint est un "agent", Joseph Lartigue, et un troisième secrétaire est issu du syndicat des "ouvriers", Antoine Tournadre. Les débats sur le ralliement aux Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), puis autour de l'adhésion à l'Internationale syndicale rouge entrainent, lors du 2e Congrès de la fédération, en juin 1921, un partage des forces en faveur du maintien dans la CGT : 159 voix contre 129, sur 350 mandats.

La Résistance syndicale aux PTT

La Résistance au sein des PTT est multiforme. Aucune synthèse n'a été faite, qui prenne en compte l'ensemble des réseaux, les actes relevant des résistances locales, les sabotages des lignes télégraphiques, la coupure des câbles souterrains, le renseignement, la participation syndicaliste dans les institutions vichystes et la résistance des syndicalistes eux-mêmes. Cette dernière est fortement entravée par le ralliement à René Belin de certains dirigeants de la Fédération postale et par l'attentisme, pour le moins passif à l'égard du nouveau régime, des autres membres de la direction fédérale. L'exclusion des anciens syndicalistes unitaires de la Fédération des PTT en septembre 1939 prive ceux-ci d'un moyen d'action et d'une légitimité indiscutable. De plus à l'automne 1940, plusieurs syndicalistes "unitaires" et communistes sont révoqués de l'administration tout comme les juifs et les francs-maçons. C'est le cas de Marie Couette, Jean Lloubes, Léonard Garraud, René Bontemps, alors que d'autres sont arrêtés tel Jean Grandel.

C'est par le relais des organisations du Parti communiste français que se forme le mouvement résistant Libération nationale PTT, lié au Front national de lutte. Aux noms déjà cités, il faut ajouter d'autres dirigeants syndicalistes unitaires, Henri Gourdeaux, Emmanuel Fleury, Camille Trébosc, Fernand Piccot, Jean Abbadie. Ce mouvement a une importance notable en particulier en Région parisienne, où il dirige en août 1944 la grève générale des services postaux. Plusieurs de ses dirigeants sont déportés, Jean Lloubes à Buchenwald, René Bontemps à Mauthausen, tout comme Léonard Garraud, qui y meurt. L'épouse du dirigeant des facteurs parisiens, Marie-Thérèse Fleury, syndicaliste elle-même, meurt à Auschwitz.

De même les milieux résistants socialistes se regroupent dans plusieurs mouvements, comme Action PTT, dirigé par Ernest Pruvost, Maurice Horvais, Simone Michel-Lévy, ou comme Etat-major PTT (EMPTT). Ces mouvements se rassemblent en 1943 dans Résistance PTT, dont l'origine est due à un rédacteur des Services ambulants, Edmond Debeaumarché, déporté ensuite. Ce mouvement semble spécifiquement implanté parmi l'encadrement, tout comme un autre réseau de Résistance, étendu au niveau de la Fonction publique, le NAP, Noyautage des administrations publiques, spécialisé dans le Renseignement.

Selon certaines sources, 10 000 postiers sur un effectif de 200 000, auraient pris une part active dans les réseaux de Résistance. Cela représenterait 5 % de la profession. D'autres citent le chiffre de 9 %, qui paraît exagéré. Incontestables sont les chiffres suivants qui ne concernent que les agents des PTT  :

Depuis 1945, un syndicalisme éclaté

La réunification syndicale dans la clandestinité, actée pour la CGT dans son ensemble par les Accords du Perreux, en avril 1943 ne se réalise pas aux PTT. Le passif entre anciens confédérés et anciens unitaires ne permet aucune entente. L'ancien confédéré Léon Digat et l'ancien unitaire Emmanuel Fleury trouvent un terrain d'entente, fin 1943. En vain. En août 1944, ce sont deux fédérations rivales qui aspirent à la reconnaissance administrative et syndicale. Celle-ci est en premier lieu acquise par la fédération postale reconstituée par l'ancienne équipe dirigeante de 1939  : Jean Mathé, Aimé Cougnenc, Edmond Fronty. Les communistes, qui dirigent une fédération issue de Libération nationale PTT obtiennent un arbitrage du Bureau confédéral de la Cgt : la fédération des PTT est positionnée sous un dispositif de cogérance, sous l'autorité d'un résistant, Coste, secrétaire général, d'un ancien confédéré Astrie et de l'ancien unitaire Emmanuel Fleury, secrétaires, jusqu'au Congrès qui se réunit du 11 au 15 septembre 1945, à Limoges.

La Fédération nationale des travailleurs des PTT - CGT

Les documents mis en discussion au congrès de 1945 sont clairs  : il s'agit du «premier Congrès de la fédération postale reconstituée». Pourtant, si on suit la chronologie de la Fédération "postale", c'est le 10e congrès de celle-ci depuis 1919, qui se tient. C'est un bouleversement du rapport des forces internes qu'enregistre le vote du rapport. 79 500 voix se prononcent contre la direction des confédérés, 10 588 voix l'approuvent, 5 048 s'abstiennent. Au terme des travaux, le communiste Fernand Piccot devient secrétaire général de la fédération Cgt des PTT. Un congrès extraordinairese déroule en décembre 1946, suite aux grèves de l'été de cette même année. L'enjeu est d'importance  : la fédération regroupe près de 150 000 adhérents, selon les sources cégétistes. Les résultats des votes confirment le basculement de la fédération CGT des PTT, dans l'orbite des anciens unitaires  : 92 156 voix pour, 27 748 contre, 4 815 abstentions. Fernand Piccot est réélu secrétaire général. En 1950, Georges Frischmann lui succède. Communiste, il siège au bureau politique du PCF à partir de 1954. Il dirige la fédération postale durant 29 ans. Son successeur Louis Viannet, de 1979 à 1982, est lui aussi militant notoire du Parti communiste français, tout comme l'ouvrier des timbres, Albert Leguern, qui dirige la CGT-PTT de 1982 à 1988. La Fédération nationale des travailleurs des PTT-CGT, un temps ébranlée par la scission de 1947, ses effectifs approchant les 45 000 syndiqués en 1953, est demeurée la première force syndicale aux PTT depuis 1950 jusqu'à nos jours. C'est aussi une des plus importantes fédérations de la CGT. Maryse Dumas, qui a été jusqu'en 2009 une "officieuse" numéro"2" de la CGT, était issue de cette fédération. Première femme à accéder à cette fonction aux PTT, elle est de 1988 à 1998, la secrétaire générale de la CGT-PTT. Son successeur a été Alain Gautheron. Comme Maryse Dumas, il était issu du corps des inspecteurs des PTT, c'est-à-dire de l'encadrement professionnel. C'est de nouveau une femme, Colette Duynslæger, qui depuis 2004 dirige la CGT des PTT. Cette fédération se nomme désormais la Fédération des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications.

La fédération syndicaliste des PTT Force ouvrière

Pendant les trois années qui suivent la Libération, les PTT sont le champ d'un affrontement entre la direction de la fédération et les anciens confédérés. Fin juillet- début août 1946, ceux-ci lancent aux PTT une grève, qui exprime le mécontentement d'une profession quant à son niveau de vie, mais qui est aussi utilisée contre le ministre d'État chargée de la fonction publique, le communiste Maurice Thorez. Un Comiré National de Grève, dirigé par Camille Mourguès est mis en place, pour concurrencer la fédération postale. Transformé en Comité d'action syndicaliste en décembre 1946, ce comité, qui annonce 15 000 membres, est à la base de la Fédération syndicaliste des travailleurs des PTT, créée les 11-12 juillet 1947. Cette fédération adhère à Force ouvrière en avril 1948. Plusieurs anciens responsables "confédérés" y prennent place, Jean Mathé, Charles Moreau, mais aucun n'y détient de responsabilités importantes. C'est une des plus importantes de la jeune centrale syndicale. Annonçant 29 000 adhérents en 1952, elle en atteindrait 52 000 en 1964. En août 1953, sa présence active dans les grèves du secteur public, et son rôle dans la fin du conflit assoient sa visibilité. Sous la Quatrième République, elle bénéficie d'un environnement politique favorable : FO ralliant à elle les postiers socialistes, les députés SFIO, comme le rapporteur du budget des PTT Léon Dagain et le ministre socialiste des PTT Eugène Thomas qui a ce secteur en charge durant 77 mois, cumulés entre novembre 1945 et décembre 1958 lui prêtent une oreille favorable. La puissance de FO-PTT, qui n'est que la seconde force syndicale de la profession jusqu'en 1983, est à son apogée vers 1958-1961. Son leader emblématique est Camille Mourguès, qui reste un des responsables de la fédération des PTT, même après son accession au bureau confédéral de Force ouvrière en 1960. Ses successeurs sont Roger Viaud de 1957 à 1969, puis André Fossat. À partir de la fin des années 1960 le déclin de FO-PTT est accompagné par l'affirmation d'une troisième puissance syndicale, la CFDT, issue de la CFTC. D'autres syndicalistes de FO PTT ont accédé au bureau confédéral de Force ouvrière, au temps du long mandat de André Bergeron, tel Jean Rouzier. Rival en 1989 de Marc Blondel pour le poste de secrétaire général de FO, Claude Pitous, reconnu comme le successeur désigné par André Bergeron, est issu de la fédération des PTT. Il bénéficie en cette occasion du soutien de Jacques Marçot, secrétaire général de FO-PTT depuis 1982.

Renommée depuis l'année 2000 FO communication, cette fédération est dirigée aujourd'hui par Jacques Lemercier.

La CFTC-PTT

La division durable du syndicalisme aux PTT ne se limite pas à la scission entre CGT et FO. Les années selon la Libération sont celles où émerge un troisième pôle syndical, autour de la CFTC. Quasi inexistante avant 1939, la Fédération des syndicats chrétiens des PTT - CFTC gagne au cours de la 4e République une audience qui recueille l'assentiment de 20 % des postiers. Les grèves de l'été 1953 provoquent des remous au sein des militants CFTC, du fait d'un appel précoce à la reprise du travail. Forte de 20 000 membres, en septembre 1953, lors de son congrès tenu à Lyon, la fédération PTT-CFTC élit Charles Fleury, nouveau secrétaire général. La minorité, qui souhaite une évolution vers la laïcisation de la Centrale syndicale recueille 455 mandats, contre 627 et 15 abstentions. Jusqu'en 1964, ce débat agite les militants CFTC. Après cette date, la CFTC "maintenue" a gardé à la Poste ainsi qu'à France Télécom une audience réelle et constante, qui apparaît dans les résultats des élections professionnelles. Le Président du Sénat français (en date de 2008), deuxième personnage de la République, Christian Poncelet a fait ses "classes" dans le syndicalisme CFTC. En 2007 la fédération CFTC des PTT est dirigée par Laurence Decroix, présidente et Daniel Rodriguez, secrétaire général.

La fédération démocratique des travailleurs des PTT- CFDT

En 1964, la déconfessionnalisation de la CFTC, donne naissance à une nouvelle force, la CFDT. Aux PTT, le paysage syndical s'enrichit par conséquent de la Fédération démocratique des travailleurs des PTT -CFDT. Portée par l'essor des luttes syndicales et la popularisation des idées autogestionnaires, la CFDT-PTT est partie prenante des grèves de 1968 et de 1974 aux PTT. Durant 12 années principales, le secrétaire général de la CFDT-PTT est Émile Le Beller. Cette fédération fusionne avec un syndicat autonome, implanté aux Télécommunications, la FNT (Fédération nationale des télécommunications). Devenue fédération démocratique unifiée CFDT-PTT, elle est à partir de 1980 la seconde force syndicale des PTT. Mais elle connaît deux crises successives. En 1987, le secrétaire général Denis Tonnerre est remplacé brusquement. Puis plus gravement, en 1988-1989, une fraction notable de ses effectifs rejoint Sud-PTT. Lors de la mise en chantier de la réforme des PTT, par le ministre socialiste Paul Quilès, la CFDT PTT joue un rôle actif dans la promotion du changement. Le secrétaire général de la CFDT-PTT, Jean-Claude Desrayaud, qui fait face à la sécession de Sud-PTT, est un des interlocuteurs les plus écoutés de Hubert Prévot. Ce dernier, haut-fonctionnaire est un ancien commissaire général au Plan, mais il est aussi un ancien syndicaliste éminent de la CFDT, où de 1975 à 1982, il est secrétaire confédéral chargé du secteur économique. En 2005, la CFDT PTT a fusionné avec la fédération CFDT de la culture (FTILAC CFDT) et la partie "conseil" de la Fédération des Services pour donner naissance à l'actuelle fédération F3C CFDT, Communication, Conseil, Culture dont le champ est bien plus large. Le premier congrès de cette fédération nouvelle, en octobre 2005, a élu un bureau fédéral. Le second congrès de cette fédération a eu lieu en mai 2009 à Strasbourg

Sud-PTT

C'est de l'intérieur de la CFDT que s'opère en 1989, une nouvelle scission syndicale. L'aile gauche de la CFDT, au terme de débats internes portant sur le recentrage syndical de la confédération ainsi qu'suite à un conflit social particulièrement dur, celui des "camions jaunes" de l'automne 1988 est amenée à quitter cette centrale en construisant une sixième fédération syndicale aux PTT : Solidaires Unitaires Démocratiques Sud-PTT. Avant d'essaimer des groupes Sud dans de nombreux secteurs professionnels, c'est aux PTT que Sud a trouvé son berceau. Fondé, selon les observateurs du mouvement "Sud", par une bande de quatre copains, Annick Coupé, Christophe Aguiton, Christian Chartier, Thierry Renard, le syndicat est dirigé par Annick Coupé jusqu'en 1999, par une autre syndicaliste, Joëlle Charuel de 1999 à 2002, puis par René Ollier, selon une volontaire rotation des responsables. Annonçant 15 000 adhérents le syndicat Sud-PTT est devenu la 2e force du syndicalisme des postiers et des télécommunicants.

La CFE-CGC et l'UNSA

À cette diversité du syndicalisme, caractéristique qui n'est pas seulement celle des PTT, comme dans toutes entreprises, il faut ajouter le syndicalisme catégoriel des cadres. La CFE-CGC, est confontée aux confédérations syndicales, qui essayent de mobiliser l'encadrement dans des structures spécifiques "cadres".

Le début des années 2000 est marqué pour le syndicalisme aux PTT par la réactivation d'un syndicalisme autonome, jamais disparu complètement depuis l'apparition du mouvement syndical. Ainsi, essentiellement issu de FO, une branche de l'UNSA a acquis le statut d'organisation syndicale représentative aux Télécoms en premier lieu, à France Télécom dans l'Ouest (Ex DR Bretagne et Pays de Loire) puis en 2005 à La Poste.


En 2008, la CFE-CGC et l'UNSA décident de faire alliance à France Télécom pour former un regroupement non-catégoriel, la CFE-CGC et l'UNSA France Télécom-Orange présentent des listes communes aux élections professionnelles IRP et Paritaires de Janvier 2009 ainsi qu'aux élections du Conseil d'Administration d'octobre 2009.

et les autres

Il est à noter aussi l'existence d'une branche PTT de la CNT, Confédération nationale du travail, animée par quelques militants. Elle n'est pas reconnue par La Poste, parmi les syndicats représentatifs.

L'état actuel des forces syndicales

Régulièrement, ont lieu dans chacune des deux entreprises, des Élections professionnelles. Elles permettent d'élire des représentants du personnel siégeant dans les divers Comités et Commissions paritaires, à la Poste, ou les délégués du personnel et les représentants syndicaux dans les comités d'entreprise à France Télécom. La loi de 1990, a été institué à La Poste, un Conseil d'Administration de 21 membres, dont 7 sont élus l'ensemble des cinq ans par les salariés de l'établissement public. Un même organisme avait été institué à France Télécom. Mais depuis 2004, suite à la privatisation de l'entreprise, les élections ont lieu selon un calendrier différent. Les résultats de ces élections donnent à voir l'influence des diverses organisations syndicales et l'évolution de celle-ci.

À la Poste

Résultats des élections au CA de La Poste :

À France Télécom

Résultats des élections au CA de France Télécom :

Résultats des élections aux CE (Comités d'établissements) de l'Unité économique et sociale France Télécom-Orange :

Les syndicalistes des PTT ?

De nombreux militants syndicalistes ont émergé dans la branche professionnelle des Postes, télégraphes et téléphones, qui couvre la totalité du territoire français. Quelle que soit la diversité "plurielle" des organisations syndicales, l'objectif est d'inclure dans la catégorie Syndicaliste français des PTT les femmes et les hommes qui sont issus de ce syndicalisme et y ont tenu un rôle important. Certains n'ont milité que dans leur corporation (fédération ou syndicat national), d'autres ont eu un parcours syndical qui les a conduit au niveau "interprofessionnel" des Unions départementales, régionales ou des Confédérations syndicales françaises. Ils ont pu avoir l'occasion de siéger au Conseil économique et social. Enfin, quelques-uns des militants constitués par le syndicalisme postier ont bifurqué vers des responsabilités politiques nationales  : députés, ministres ou présidence du Sénat. L'ultime remarque qui peut être faite concerne la féminisation actuelle des directions des fédérations syndicales. C'est un phénomène assez récent, ce que traduit la faible représentation des femmes dans la rubrique consacrée aux syndicalistes français des PTT.

Sources et références

Voir aussi

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